mercredi 16 décembre 2015

Jeux Olympiques 2024 : et si on consultait les parisiens et les franciliens ?

On savait que les français n'avaient qu'une confiance assez limitée en leur gouvernement et en leurs politiciens. 
Maintenant, on sait aussi que les politiciens n'ont, eux, pour le coup, pas du tout confiance en le peuple français, pourtant jugé assez grand pour pouvoir voter de devoir payer toujours plus d’impôts, toujours plus de taxes. 
Un exemple : le dossier des Jeux Olympiques 2024. 

En terme de finances, il y a deux éléments à prendre en compte : le coût de la candidature, et le coût des JO lui même. La candidature seule coûte entre 60 et 100 millions d'euros. 

Le comité de candidature, voyant le succès du crowdfunding en matière de financement d'entreprises, de chanteurs ou de causes diverses et variées, avait eu la bonne idée de demander aux citoyens eux-mêmes de financer la candidature, et comptait sur la mobilisation des Français. Le comité  espérait récolter en quelques semaines une dizaine de millions d’euros de dons du grand public, notamment via la vente de bracelets «Je rêve des jeux !», et au moins autant de la part de 2024 "grands donateurs".Ce bracelet de tissu blanc, décoré de pétales bleus et rouges et portant le slogan « Je rêve des Jeux », était vendu au prix de deux euros dans les grandes surfaces et magasins spécialisés.
Un bon retour sur cette opération commerciale, en plus d'apporter des sous dans les caisses du comité, aurait constitué un bon ersatz de sondage grandeur nature. 


Or, il se trouve que l'opération est un flop. Au lieu de plusieurs dizaines de millions d'euros, le comité a récolté 629.000 euros, 6% du montant prévu (1). N'est ce pas un signe, parmi d'autres, d'une certaine réticence des parisiens et des franciliens à financer les Jeux Olympiques 2024 ? Les autres signes résident sans doute dans l'existence d'une réelle opposition politique aux JO à Paris. La presse avait mentionné, de manière assez drole, que "seuls les élus d'Europe-Ecologie et Danielle Simonnet, l'unique représentante du Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon dans l'hémicycle parisien, s'opposent à la candidature de la capitale".
C'est drôle car comment peut-on présenter les opposants comme des groupuscules isolés, alors qu'ils représentent entre 10 et 15% des électeurs parisiens et que, surtout, ils sont membres de la majorité parisienne (EELV gouverne avec Hidalgo). Et comment peut-on éluder les fait qu'Anne Hidago ellle-même était plus que réticente, avant que Hollande et Valls ne lui tordent le bras ? De toutes façons, les JO 2024 à Paris ne faisaient pas partie du programme d'Anne Hidalgo. 

L'opposition politique ne s'arrête pas à l'extrême gauche et aux Verts. Il y a aussi le Delanopolis (3). Les contribuables ont donc bien de quoi s'interroger (4), autant que les amis de l'environnement. 

Nous sommes en République. Mais il parait que nous sommes aussi en démocratie, même si nous ne sommes pas entièrement sur de ce point précis, surtout après l'adoption de l'état d'urgence. En tout cas, c'est au nom de la démocratie que la France donne des leçons au monde entier, et, parfois, engage ses armées sur des opérations extérieures. 
Certes, il existe diverses formes de démocratie, et en France, la classe politique se méfie de la démocratie directe de type Suisse. Elle préfère la démocratie représentative, dans laquelle nous élisons des représentants qui s'engagent sur un programme. Quel est le point du programme de Hollande qui prévoit une dépense de plusieurs milliards d'euros pour organiser des Jeux Olympiques ? Quand est-ce que, dans son discours de politique générale, Valls a affirmé qu'il fallait que la France, déjà surendettée, poursuive sur le chemin tracé par la Grèce, avec Athènes 2004 ? 
Est-ce que la ville de Boston, ou celle de Hambourg (5), sont des principautés tyranniques et anti démocratiques ? 

En guise de consultation des contribuables et citoyens parisiens, la mairie de Paris a lancé, non pas un referendum sur l'opportunité d'organiser ou pas les Jeux Olympiques en 2024, mais un processus de collecte d'idées pour enrichir le dossier de candidature. La Mairie de Paris est d'ailleurs tellement génée par le caractère cynique de cette consultation qu'elle n'a toujours pas, au 16 décembre 2015, supprimé la ville de Hambourg de la liste des concurrentes de Paris. 


Pourquoi ne pas poser la question suivante, aux parisiens ou aux franciliens : êtes-vous pour l'organisation des Jeux Olympiques 2024 à Paris et en Ile de France ? Oui ou Non. 
Chacun présenterait les arguments allant dans le sens ou à l'encontre d'une telle décision, comme c'est d'usage en démocratie. 
Et que l'on ne nous sorte pas l'argument de la réponse à celui qui pose la question plutôt qu'à la question posée. Claude Bartolone, en dépit de l'impopularité record du gouvernement, n'a t-il pas été vainqueur en voix dans une majorité d'arrondissements, dimanche dernier à l'occasion des Régionales 2015 ? Le fait est que, c'est plutôt les politiciens qui ne tiennent pas toujours compte des réponses formulées par les électeurs, comme tous ceux qui avaient voté non au TCE en 2005 ont pu le voir. 
Et le fait est, également, que Marty Walsh (démocrate, élu maire de Boston en 2014) ou Olaf Scholz, (SPD, maire de Hambourg depuis 2011) sont au même niveau qu'Anne Hidalgo : des maires, pas des chefs d'Etat. Si la question posée est claire, et simple, il n'y a pas de raison que la réponse soit alambiquée. 

Il semble que faute de don volontaire, le gouvernement s'apprête à créer une taxe sur les licences annuelles des sportifs amateurs, en plus de la surtaxe de 10 millions d’euros sur les stades de l’euro, déjà décidée par le gouvernement. Vous courez pour votre plaisir, vous faites du foot amateur ? Vous contribuerez, de force, à la candidature de Paris 2024 ! Et ce , que vous pratiquiez le don volontaire pour d'autres causes (Téléthon, Croix Rouge, etc) ou pas ! Un peu comme si vous n'aviez pas assez d'argent pour repeindre votre maison et que, faute de dons de la part de votre famille et vos amis,vous alliez racketter vos voisins pour qu'ils contribuent à vos frais de peinture !

A la mairie de Paris de rependre la main, en reprenant la proposition d'Aurélien Véron (Parti Libéral Démocrate / Aux Urnes Citoyens (6)). 
Madame Hidalgo, soyez démocrate, organisez un referendum au sujet des JO 2024 à Paris !




On verra bien, à l'issue d'un tel scrutin, si les parisiens et les franciliens veulent vraiment dépenser entre 5 et 15 milliards d'euros pour 3 semaines de jeux Olympiques et s'ils sont prêts à ce que nous accordions au CIO le droit d'amender les lois françaises (7) en matière de sécurité ou d'écologie. 





(2) France 3 Paris Ile de France Les opposants politiques à la candidature de Paris aux JO lancent l'offensive 22 février 2015
(4) Les enquètes du Contribuable JO de Paris 2024 : à quel prix ? 28 juillet 2015

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