jeudi 13 novembre 2014

Il est temps de débaptiser la station Robespierre

Les 350 stations du métro parisien sont nommées de manière assez logique : elles portent très souvent le nom de la rue qu'elles desservent, ou du point d'intérêt le plus proche. Mais, cette géographie du métro n'est pas fixe, comme le rappelle l'article Wikipedia Liste des stations du métro parisien ayant changé de nom

Ainsi, on apprend que, globalement, la RATP et les autorités politiques ont banni du métro les références à un pays qui fut notre ennemi militaire et idéologique (l'Allemagne), et ont au contraire tenu à rendre hommage à des hommes ou à des lieux censés refléter les valeurs de notre pays (notamment : des victoires de la Seconde Guerre Mondiale et la résistance). 

Imagine t-on, aujourd'hui, alors que l'on prolonge ou cherche à étendre le réseau du métro parisien au delà du périf, et qu'on crée donc de nouvelles stations, rendre hommage à des personnalités controversées comme Louis-Ferdinand Céline ou Philippe Pétain ? Cela parait peu imaginable. 

Alors, combien de temps devrons nous supporter l'existence d'une station Robespierre ? 



Si la France cherche à bannir de son paysage mental et intellectuel l'extrême droite (avec le succès que l'on sait ...), on peut donc s'attendre au fait que nous ne rendions pas hommage non plus à un dictateur sanguinaire. 

Dictateur sanguinaire ? Halte à l'anachronisme, dirons certains, telle l'extrême gauche parisienne (1) qui se revendique de ce sinistre personnage, encore ces jours ci, rebondissant sur la sortie d'un simple jeu vidéo, Assassin's Creed (2), qui parlerait mal de leur héros. 


Assassin’s Creed Unity Presents: Rob Zombie’s... par Gameblog



A ces accusations d'anachronisme, on pourra répondre que, d'une part, la France de Vichy est jugée, en 2014, avec le regard de 2014 et non pas celui de 1940, et que des comportements et opinions qui étaient répandus durant les années 30, tels que l'antisémitisme, ne sont plus acceptés aujourd'hui, au nom des valeurs que nous défendons aujourd'hui, et que, d'autre part, même en 1793, les excès de la Révolution et le caractère sanguinaire de Robespierre étaient déjà dénoncés. Le mot "terreur" ne vient pas de nulle part !

L'extrême gauche préfère fermer les yeux sur les crimes qui ont permis à la République d'émerger, c'est son droit. Mais n'oublions pas l'usage de la guillotine à tout va, les sinistres noyades de la Loire  (3) ou la campagne de Vendée. N'oublions pas non plus que Robespierre a servi de modèle à Pol Pot et aux Khmers Rouges (4), ces grands adeptes de la table rase. 

Robespierre fait partie de l'histoire nationale. C'est un fait. Il y a quelques jours, Christiane Taubira affirmait que la République devait avoir le courage et l'honneur de reconnaître que ce qui avait été fait en son nom était injuste et illégal. Elle ne parlait ni du génocide vendéen, ni de la colonisation, mais de la répression de la grève des mineurs de 1948.

Son propos aurait cependant être le suivant : La République doit avoir le courage et l'honneur de reconnaître que certains des actes qui ont été faits en son nom ont été injustes et illégaux. Elle aurait pu ainsi dénoncer la Terreur et rappeler le fait que l'extrême gauche, comme l'extrême droite, puise son idéologie dans une histoire de violence.

Ce débat n'est pas ouvert. En revanche, dans un pays où l'apologie des crimes contre l'humanité est non seulement interdite, mais en plus criminelle, il est temps de commencer à rappeler que Robespierre était un criminel, agissant certes au nom de la République, mais un criminel quand même. Dans ce contexte, il est temps de débaptiser la station Robespierre.








1 commentaire:

  1. Justifier le sang de la révolution alors qu'on prône la suppression de la peine de mort est une de ces postures des plus indignes qui soient.

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