jeudi 26 mai 2011

E-G8 : le Net, ce grand incompris des Etats (et de Sarkozy)

Par Didier Salavert | Porte-parole d'Alternative Libérale


Le discours prononcé par Nicolas Sarkozy au e-G8 ce 25 mai va sans doute entrer dans les annales de l'histoire d'Internet – et donc du XXIe siècle – et sera vraisemblablement donné un jour en lecture aux élèves de nos écoles. Ils le liront avec le même effarement que le sinistre rapport Nora-Minc de 1978 sur l'informatisation de la société.
Ce serait risible si les conséquences n'en étaient pas aussi graves pour notre pays.
Le rapport Nora-Minc a eu pour conséquence d'entrainer la chute de toute l'industrie informatique française. Il n'avait vu ni la micro-informatique ni Internet. Décidément, nos élites n'apprennent rien de l'histoire, trop préoccupées qu'elles sont de consolider leur pouvoir.
Quand Nicolas Sarkozy parle de « nos limites, nos lignes rouges », on croirait entendre un monarque de l'Ancien Régime s'adressant à ses sujets. Ces limites et ces lignes rouges sont les frontières du pouvoir de l'Etat au sens le plus régressif, sinon répressif.

Nicolas Sarkozy, défenseur de la liberté sur le net ? 

Dans une démocratie moderne, ce sont les citoyens qui déterminent ces frontières. Or, ils refusent de voir le formidable espace de liberté ouvert par le net être contrôlé – car c'est bien de contrôle qu'il s'agit derrière le mot régulation – par l'Etat.
Il est extraordinaire d'entendre Nicolas Sarkozy se présenter en défenseur de la liberté sur le net. Son gouvernement n'a de cesse de faire voter des lois liberticides pour les internautes. Elles le sont tellement que peu de démocraties osent suivre la France dans le domaine.
L'apothéose est sans doute atteinte avec l'injonction du Président contre les monopoles du net. C'est le même qui gère le plus grand des monopoles : l'Etat, auquel toute concurrence est insupportable.
Ce discours démontre que notre Etat se sent dépassé. Il perçoit, sans vouloir l'accepter, qu'Internet inverse les perspectives démocratiques. L'Histoire accélère et les peuples veulent s'émanciper d'une forme de gouvernement en voie d'obsolescence. L'Etat perd le contrôle de l'information, des idées, et bien sûr, de l'impôt.

Les formulaires administratifs mis en ligne ne suffisent pas

Les Etats doivent réinventer leur mission et leur rôle dans la postmodernité ouverte par le net. Il ne s'agit pas simplement de rendre les formulaires administratifs accessibles par Internet.
La révolution en cours est un vrai changement de paradigme social et politique. Ce ne sont pas les pouvoirs en place qui sauront, et bien sûr voudront, procéder à ce changement. La société civile n'était pas invitée à ce e-G8. Tout un symbole.
Alors que les mots de liberté, d'ouverture, de création, d'entreprise auraient dû articuler le discours, ils étaient grandement absents.
En moins de vingt ans, Internet a fait bien plus pour les peuples en terme de liberté et de création de richesse que la plupart des gouvernements en cent ans. C'est peut-être cela qui est insupportable pour Nicolas Sarkozy.
La France n'a pas donné d'elle-même une image très enthousiasmante aujourd'hui. Il existe heureusement une consolation, cette image n'est pas celle des Français. Il est urgent de le faire savoir au monde.


initialement publié sur Rue 89


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